"Il est écrit dans l'Évangile que beaucoup de mystères sont cachés aux sages et aux savants, qui seront révélés aux petits enfants.
Le génie de l'enfance est tout intuition. Il n'a ni science ni prétention pour le déformer. Par sa simplicité, la fraîcheur de ses impressions, l'enfant a les clés du royaume de la poésie. Car la poésie, c'est d'entrer naïvement dans le jeu du monde, de découvrir les merveilles cachées à ceux qui croient tout savoir et tout expliquer.
Le mystère dont parlait notre Seigneur n'est pas le mystère poétique, mais le grand, le seul vrai mystère, celui de la sagesse de Dieu. Il se révèle aux enfants à cause de certaines dispositions qui leur sont propres et qui les ouvrent aux plus hautes vérités.
Les enfants jouissent un instant de ce qui passe, mais sans attachement, sans exigence. Et puis, les petits sont humbles. Un vrai enfant respecte ce qui est au-dessus de lui.
Quand on ne le déforme pas par une tendresse excessive, il est indépendant, forme son petit monde à lui tout seul et ne prétend pas s'imposer.
Enfin les petits sont confiants et abandonnés, à cause justement de leur faiblesse.
Un enfant vous donne la main, lève vers vous son regard limpide, vous accompagne dans votre propre chemin sans demander où il aboutit."
Madeleine Danielou (1880 - 1956), universitaire, éducatrice et mystique.